J'inspire, je demeure dans le moment présent
J'expire, je sais que c'est un moment merveilleux

Deuxième Message de la Retraite d'Hiver chez Soi

"Le chemin n'est pas un rêve. Ce n'est pas un souhait.
Le chemin est la pratique concrète.
Et il sauvera notre vie, il sauvera nos enfants.
Lorsque nous sommes sur le chemin, alors de l'intérieur de nous s'élève un flot de compassion et de bonté aimante et notre souffrance s'allège."
-Thich Nhat Hanh

Les six Paramita, chemin de l'amour véritable

Deuxième message retraite d'hiver chez soi 2014/2015 : Shila Paramita


Les entraînements inter-sont, pratiquer profondément un entrainement, c’est les pratiquer tous. Les Paramitas inter-sont, pratiquer profondément une Paramita, c’est les pratiquer toutes.
En écrivant :
« La pratique des cinq EPC est une forme d’amour, une forme de don.
Shila Paramita est le cadeau le plus précieux que nous puissions offrir à notre société, à notre famille, à ceux que nous aimons » (1)
Thây nous offre de porter un éclairage très profond sur les entrainements.

Nous avons tendance à voir les entrainements comme une contrainte, un devoir, un objectif à atteindre. Comment pouvons-nous les voir comme un acte d’amour, un don ?
Regardons les entrainements comme un joyau dont nous pouvons admirer toutes les facettes et attardons nous sur celle de l’amour et du don.

Propositions de pratiques


1) Comment apprendre à voir les entrainements sous l’angle de l’amour et du don (don de la présence, stabilité, liberté, fraicheur, espace) ?
Nous pouvons les lire et relire avec cette interrogation « A travers cet entraînement, que puis-je offrir de simple, profond et faisable?» Ce peut-être une petite chose, une toute petite chose, mais indispensable comme un battement d’ailes de papillon ou une goutte d’eau dans un bec de colibri.

2) Offrir notre sourire et continuer à en découvrir les bienfaits en nous et autour de nous. Offrons un sourire communicatif, authentique, pas niais ou béat mais un sourire de profonde acceptation de nos fragilités, de notre vulnérabilité et donc de notre humanité.
C’est à partir de notre vulnérabilité que nous pouvons atteindre la richesse de la pratique de l’écoute profonde et de la parole aimante.

3) Continuons nos rendez-vous avec notre journal, les rendez-vous de la gratitude et de la contemplation de nos conditions de bonheurs et partageons.

Le Village est mobilisé autour de Thây, et n’est pas en mesure de nous offrir de nouveaux enseignements par internet, mais nous pouvons écouter et réécouter les enseignements qui sont en ligne, retenir un passage, une phrase qui peut nous inspirer une pratique simple ; par exemple un gâthâ ou un petit parcours de marche en pleine conscience.
Nous pouvons nous sentir fragiles et vulnérables, mais avec « le fruit de notre compréhension murissant doucement » (2) nous apprenons à développer notre confiance dans la voie du Bouddha.

"Conscients de la chance que nous avons d’être sur ce chemin de pratique, nous n’avons à nous faire de soucis pour le présent ni à avoir peur du futur"(3)

J’inspire, conscient-e- de la chance d’être sur ce chemin

J’expire, je souris à la vie…


(1) « Le cœur des enseignements du Bouddha
(2) Chant de l’offrande de l’encens
(3) Préambule des cinq entrainements à la pleine conscience.


Témoignage sur Shila Paramita


Lorsque j’ai reçu les 14 Entraînements à la Pleine Conscience en 1986, il n’y avait pas de transmission des 5 Entraînements à ce moment-là, et je me souviens avoir été touché par la profondeur et la simplicité de ces quelques mots, de ces quelques phrases qui formaient une base solide pour une pratique quotidienne de la pleine conscience. Les Entraînements n’étaient pas aussi complets qu’aujourd’hui, mais l’essentiel était déjà présent, très réalistes et faciles à mettre en pratique. Les 14 Entraînements ont été depuis enrichis, prenant en compte l’évolution rapide des techniques nouvelles qui facilitent la consommation de nombreuses nourritures toxiques, tant pour le corps que pour l’esprit, et nous font réaliser que ces nourritures sont là parfois même à notre insu.

Aujourd’hui nous avons les 5 Entraînements à la Pleine Conscience qui sont très complets et très adaptés à notre vie « moderne » et qui sont un guide précieux pour notre vie de tous les jours.

Pratiquer les Entraînements à la Pleine Conscience m’aide beaucoup à traverser les difficultés de la vie, à gérer avec succès les douleurs du passé, et à transformer bien des souffrances. Pour moi, les Entraînements sont comme une belle pierre que je polis sans cesse, que j’affine de mieux en mieux afin qu’elle soit toute douce ; c’est aussi un « koan », une parabole, que je visualise régulièrement pour être simplement en contact direct avec les évènements qui se produisent en moi et autour de moi, pour les accueillir avec douceur et compréhension…

Il y a bien des choses à dire, bien des expériences à raconter et le choix n’est pas aisé ; cependant, je vais partager avec vous une réalisation importante, assez récente, qui compte beaucoup dans ma vie.

Depuis longtemps j’ai réduit ma consommation de viande suite à ma prise de vœux dans l’Ordre de l’Inter-Etre, autrefois, et mon intention première a toujours été d’arriver à ne plus consommer de viande ni de poisson. Mais compte tenu de l’environnement familial, de ce qui m’a été inculqué pendant l’enfance, ce n’était pas aussi simple même si un jour Thầy m’a encouragé : « Jean-Pierre, manger végétarien c’est possible ». Et finalement, aujourd’hui j’ai la joie d’avoir atteint cette réalisation d’être devenu végétarien, même si je ne suis pas encore végétalien. « Oui, cher Thầy, je ne consomme plus de viande ni de poisson, et cela me procure du bonheur dans mon corps, dans mon esprit, et ma compassion pour tous ces animaux destinés à être mangés ne cesse de s’accroître. »

Curieusement je n’ai eu aucun effort à faire pour arriver à ce but ; c’était comme si mon corps tout entier refusait de continuer à absorber de la viande, comme si mon esprit tout entier se révoltait à cette idée, mais une sorte de révolte pacifique avec le regard de la compréhension.

J’ai simplement dit à mon épouse « Je ne mangerai plus de viande ni de poisson » ; cette demande que je lui avais déjà faite des années auparavant n’avait jamais rencontré une réponse favorable car sans doute je n’étais moi-même pas prêt. Par contre, aujourd’hui je suis beaucoup plus établi dans la pratique de la pleine conscience, et je trouve que c’est mon corps lui-même qui a pris la décision, sans appel, avec compassion ; cela, mon épouse l’a bien ressenti et dorénavant elle pratique davantage cette pleine conscience, même si elle mange parfois de la nourriture animale. Même mon fils qui ne s’implique pas du tout dans la méditation, préfère de temps en temps ne manger que des légumes et du tofu lorsqu’il est à la maison. Et même dans ma famille, chez mes sœurs, peu à peu s’installe cette prise de conscience lorsque je suis invité à déjeuner, pourtant ce n’est pas simple pour elles.

Aujourd’hui cela fait une année et demie que je ne prends plus de viande ni de poisson, et je ne ressens pas du tout le besoin d’en consommer à nouveau, car je vois clairement la souffrance que les animaux subissent dans leur vie, et je sais que cette souffrance est occasionnée par nous et pour notre plaisir de manger… juste pour notre plaisir ! Mais j’éprouve beaucoup de plaisir en mangeant des légumes ! Deux fois j’ai dû manger à nouveau du poisson et de la viande chez mes sœurs, et doucement j’en ai profité pour commencer à ouvrir leurs yeux sur un nouvel horizon. Les deux fois j’ai été malade !!

Je suis vraiment ravi de pouvoir maintenant être plus en accord avec les Entraînements à la Pleine Conscience, notamment le Premier, le Deuxième et le Cinquième Entraînement des 5 Entraînements à la Pleine Conscience. Je continue à polir ma pierre, je continue à porter devant moi les Préceptes, c’est l’effort nécessaire pour traverser la rivière et quitter la rive de la souffrance.

Pour finir je voudrais ajouter une anecdote : - quand j’étais enfant, je me suis retrouvé placé dans une ferme pendant 12 années et j’ai bien connu la vie animale. Et voilà ce que j’ai observé de la vie et de la mort dans une ferme : - la veille d’aller à l’abattoir, une vache a des larmes dans ses yeux, des larmes qui coulent sur sa joue… un cochon, le matin du jour prévu pour « tuer le cochon », refuse catégoriquement de sortir de lui-même de son étable… et le cheval, si intelligent, comprend tout ce qui se passe.

Chân Linh Từ, Compassion Sacrée Authentique